Ecrivain, poète, artiste, slameur, acteur culturel et militant associatif, MABOUDOU Abdou Rahim s’investit magnifiquement dans de nobles causes, et ce, pour un monde beaucoup plus « habitable ». Il clame souvent que « notre monde a besoin d’un peu plus d’humanité, d’humanisme ». C’est un honneur pour nous de recevoir Bravo ; l’homme des vers, l’homme de lettres, l’homme de la scène et l’homme de la culture.
Bonjour Bravo, très heureux de vous recevoir sur Blue Sydney. Alors, qui se cache derrière ce visage ?
Je réponds au nom de MABOUDOU Abdou Rahim dit Bravo. Je vis depuis 2019 à Parakou où tant bien que mal j’essaie de joindre les deux bouts. Je milite et travaille avec certaines ONG sur les thématiques en rapport avec l’éducation, la citoyenneté, le civisme et la culture.
Ma profession ? Difficile à dire, je me définis comme Artiste, Ecrivain et Slameur. L’écriture, pour ne pas dire l’oralité, est le plus vieux métier du monde. Moi, j’ai décidé d’en faire une passion.
Enchanté M. MABOUDOU Abdou Rahim. Vous êtes aussi Touriste, Aventurier, Anticonformiste, Panafricaniste et surtout (une qui a attiré notre attention) ‘‘Foulosophe‘‘ ; n’est-ce pas ? Nous sommes curieux de savoir pourquoi ces dénominations collent avec vous ?
Au-delà de mon côté écrivain, poète et slameur, je suis un passionné de voyage. J’ai commencé mes premiers guidages touristiques en 2016 avec un groupe de japonais. Après, j’ai enchaîné avec plein d’autres.
Oui, Anticonformiste et Panafricaniste, je suis. Je définis le premier au regard de mon côté rebelle et têtu derrière mon joli sourire et mon air calme. J’aime pas me conformer à la masse en fait. J’aime me démarquer ; toujours et ça se voit je crois. Hahaha !
Panafricaniste, simplement parce que j’agis pour, par et avec l’Afrique.
Et s’il arrivait que je ne vive plus en Afrique, je crois que l’Afrique continuera par vivre en moi. Et c’est ça, cette africanité, que j’essaie de valoriser au mieux.
J’ai un côté philosophe très prononcé. J’aime analyser et voir la vie autrement. Quand j’active mon mode « fou » je me dis Foulosophe. Soyez pas surpris de me voir boire dans un pot, un vrai pot.
On comprends mieux. Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Tout m’inspire, absolument tout : le quotidien, la nature, les animaux, les humains, etc. Il faut juste avoir l’œil avisé et savoir s’écouter, se sentir, se ressentir, s’observer… L’art est dans les sens. C’est là qu’il faut regarder et pas ailleurs.
Moi, particulièrement, j’aime écrire les matins. C’est plus facile pour moi de le faire quand je reste à jeun, affamé. J’aime pour rire, dire que c’est la faim qui m’inspire.
Quelle a été votre motivation pour emprunter le chemin des lettres, des vers ou des histoires ?
Un accident de circulation en 2018. Cela m’a poussé à sortir mon premier ouvrage malgré les défis et obstacles. Mais bien avant cela, quand j’étais au collège (2011 ou 2012 je crois) un professeur de français à qui j’avais présenté mes écrits m’avait dit que ce que j’écrivais là n’était en rien de la poésie.
Cela m’a révolté certes mais m’a surtout poussé à commencer par me surpasser ; pas pour lui prouver que pouvais écrire correctement de la poésie, mais pour devenir l’écrivain, le poète de mes rêves. L’accident de circulation de 2018 n’était qu’un bonus de certitude pour confirmer que j’étais sur le bon chemin.
Comme quoi, la douleur, les obstacles et les frustrations peuvent être de bons tremplins pour atteindre des objectifs nobles. Que pensent vos proches de ce que vous faites ?
Exactement. Au début, des amis très proches m’ont dit pareil que ce professeur de français. J’ai encaissé la douleur et travaillé à m’améliorer chaque jour.
Aujourd’hui, ils sont nombreux à me soutenir, à m’encourager et à me pousser à aller plus loin.
Certains membres de la famille aussi me soutiennent, même si d’autres pensent que je ne suis pas sur le bon chemin ou que je passe à côté de ma destinée. J’ai les bénédictions de mes deux parents et celles de dame nature, ça me va largement. Le reste, le temps et la vie s’en chargeront.
On vous souhaite beaucoup de courage M. MABOUDOU Abdou Rahim. A ce jour, combien d’œuvres avez-vous à votre actif et quels sont les thèmes que vous y développez ?
Merci. J’ai deux recueils de poèmes : Le chant des vers (2019) et Dr.Li (2022).
Je parle essentiellement d’humanité, d’humanisme, de la vie, de la culture et parfois de spiritualité.
Ah oui, des thématiques importantes ! Vos œuvres influencent-elles positivement les jeunes qui vous lisent ?
Je crois que oui sinon, ils me l’auraient déjà fait savoir.
Bravo, le Filiga, on aimerait en savoir un peu plus.
Le Festival International du Livre Gabonais et des Arts (Filiga) est une rencontre internationale des amoureux du livre. C’est le livre qui est célébré. Cette première édition qui s’est tenue du 25 au 27 mai à Libreville (Gabon) a connu la présence de 32 invités internationaux dont le Bénin.
C’était trois jours d’exposition de livres, de conférences-débats, de tables rondes et de prestations artistiques diverses avec des thématiques telles que : la contribution du livre à l’éveil citoyen de la jeunesse, le rôle de l’écrivain dans la société, la transmission des valeurs socioculturelles à travers le livre, etc.
Le Bénin était représenté par trois jeunes dont le dynamisme n’est plus à prouver aujourd’hui : Komi EZIN, Ferdinand MISSENHOUN et moi-même, MABOUDOU Rahim Abdou. Le Filiga était une expérience enrichissante et une des plus inouïes pour un jeune écrivain et slameur comme moi.
Et le MILA quant à lui ?
Le MILA (Meeting International du Livre et des Arts Associés) est une rencontre autour du livre et des arts. J’ai non seulement été invité à représenter le Bénin mais, je suis aussi le représentant ou le point focal au niveau du Bénin. En termes plus simples, je représente la structure ici au Bénin et je suis chargé de réceptionner, vérifier et valider les candidatures au niveau Bénin.
Félicitations ! Quelle est d’après vous l’image de l’écrivain béninois dans la société ?
Merci. L’écrivain aujourd’hui doit incarner un grenier de valeurs s’il ne l’était pas déjà par le passé. Dans un monde en décrépitude où turpitudes et ignominies font un bal à visage découvert dans notre quotidien, il nous est, me semble-t-il en tout cas, urgentissime en tant qu’écrivain de ployer notre plume au service d’une cause plus grande et noble : la préservation de l’humanité et de l’humanisme en chaque être humain.
Pour moi, c’est la cause la plus grande et noble que puisse défendre un être humain qui plus est, un écrivain. Nous qui sommes depuis des temps immémoriaux, les gardiens, les templiers des valeurs socioculturelles, traditionnelles et universelles.
C’est pertinent ce que vous dites. Mais, ce type d’engagement n’est certainement pas aisé. Parlez-nous de vos difficultés.
La gestion, la canalisation et l’orientation de l’émotion. Et plus loin, comment rester le plus naturel possible quand on écrit. Après il y a aussi, le côté capricieux du métier d’écrivain. Il nous retranche, nous case, nous retire pour un temps du quotidien et des autres car, pour écrire pour le monde, il faut s’enfermer dans son monde. Et beaucoup ne comprennent pas toujours cela.
Un métier qui t’oblige à rester enfermé pendant sept jours par exemple, loin du quotidien, de tes amis, loin de la vie, loin des invitations, des sorties et show de tout genre. Oui c’est ça, je crois, le plus dure et difficile dans notre métier.
Waoh ! Comment les surpassez-vous donc ?
La méditation, l’écriture thérapeutique et l’effort dans le lâcher prise. Tout ceci pour dire, que je fais de mon mieux pour garder ma tête sur les épaules, les pieds encore sur terre et l’équilibre entre toutes ses vies à l’intérieur de ma tête.
Formidable ! M. MABOUDOU Abdou Rahim, avez-vous des projets à venir bientôt ?
Oui, deux à trois autres ouvrages à publier très bientôt. Des sons slams, beaucoup de spectacles, de scènes à Parakou et à l’extérieur.
Dans un futur proche ou lointain, comment voyez-vous l’Afrique avec la jeunesse actuelle ?
Dans un futur lointain, je vois l’Afrique indépendante et prospère avec ses fils et filles bien unis autour d’un même idéal, d’un même combat. Donc, pour y arriver on doit continuer à se rééduquer mutuellement.
Nous ne devons pas perdre de vue nos cultures même s’il nous arrivait de perdre la vue. Elles sont l’âme de notre peuple, le cœur de nos ethnies et le corps de nos traditions ; c’est ça qui fait la beauté de l’Afrique ou du monde : la diversité culturelle.
Une vision très optimiste ! Comment vous contactez en cas de besoin ?
Vous pouvez me contacter via compte Facebook MABOUDOU Abdou Rahim et WhatsApp.
Finissons donc cet entretien avec quelques mots adressés aux jeunes talents africains.
Qu’ils continuent à croire en eux-mêmes. Même si les membres de leur famille les découragent, s’ils ont foi en leur rêve, qu’ils continuent d’y croire.
Qu’ils ne parlent pas de leur rêve à qui ne comprend pas. Qu’ils ne s’enferment pas seulement dans leur coin. On a toujours besoin d’un plus petit que soi. Même un fou ou un petit enfant peut nous enseigner des choses de la vie. C’est chez l’autre qu’on apprend beaucoup de soi-même et sur soi-même. C’est l’autre qui nous fait grandir. Soyons humbles pour apprendre et nous élever.
Qu’ils s’ouvrent aux autres cultures, mais qu’ils n’oublient pas de protéger, préserver et défendre au prix de leur vie leur propre culture. Aucune culture n’est mauvaise à 100 %. C’est à nous de savoir voir et choisir le positif en toute culture. Notre culture est tout ce qui fait notre dignité d’Homme. C’est la différence entre les animaux et nous.
Qu’ils lisent beaucoup les anciens, les jeunes…qu’ils lisent et surtout qu’ils aient aussi la patience de beaucoup écouter l’autre quand il parle. Mes meilleures inspirations, je les ai eu lors des échanges, discussions et causeries avec mes amis ; parfois des inconnus.
Enfin, n’oubliez pas de vivre et de faire beaucoup de folies. Demain, on va tous mourir ; sans exception. Vivez pour vous-même !
DIEU BÉNISSE L’ŒUVRE DE NOS MAINS !!
12 Responses
Comme à chaque fois j’ai envie d’obliger tout le monde à aller lire vos blogs 🙂 et surtout mes amis en provenance d’autres pays 😅, histoire de me vanter des talents de chez moi qu’ils ne voient pas forcément à la télé. Envie de leurs coller ça à la figure un talent chaque jour 🤣.
Bref bon boulot à tous et du courage pour la suite 🙏🏾.
Une grande motivation pour toute l’équipe. Merci beaucoup à vous, et nous continuerons toujours par vous satisfaire « talentueusement « 😅😅😅😁🤭🤭🤭.
Merci
Article très intéressant comme à chaque fois. J’ai aimé.
T’es là meilleure blue Sydney
Formidable comme toujours 😉🤩
Merci beaucoup fidèle lectrice 🤩💙💙
Felicitations a vous pour le travail que vous faites, Notre jeunesse et ses talents en ont besoin. Courage a l’equipe
Merci beaucoup à vous
Merci beaucoup EL. Ça fait plaisir !☺️🙏🏿
Très bel article… Bravo et bon vent à l’artiste et frère Bravo 🙏🏽🙏🏽🙏🏽
One Love et Que Vive l’Amour ❤️❤️❤️
Merci beaucoup
Merci beaucoup frère d’art et d’âme ✨👌🏿☺️