Layno Prod : L’image d’une musique prospère à Parakou

Acteur du showbiz Parakois, GAGNON Staline plus connu sous le surnom de Layno Prod s’est fait porte-parole des artistes chanteurs du nord Bénin et de Parakou en particulier. Face aux opinions préconçues des personnes qui critiquent hâtivement les artistes béninois, il ne se laisse pas abattre et compte laisser sa marque.

Dans ce petit entretien, il nous révèle les obstacles qui freinent l’émergence des jeunes artistes locaux et quelques solutions pour endiguer le mal. Suivez attentivement ses propos !

Heureux de vous recevoir M. Layno prod. Parlez-nous de vos débuts.

Layno Prod GAGNON Staline

Ah mais plaisir partagé. Alors, à la base je n’ai pas choisi d’être Producteur de son. Je dirai plutôt que la production de sons m’a choisi. Comme tout le monde, j’ai étudié. J’ai fait un BTS en Comptabilité Gestion et une Maîtrise en Science juridique. A l’époque, entre amis, on avait un groupe de rap. L’idée n’était pas de devenir d’éminents artistes ; c’était juste notre distraction.

Au fil du temps, quand j’ai perçu ma première bourse au campus, j’ai immédiatement payé un ordinateur. Et l’idée de commencer à enregistrer nos propres sons m’est venue. C’était en 2010-2011. A partir de 2012, je me suis entièrement consacré à l’amélioration de mes compétences de producteur de musique. J’ai évolué en autodidacte. J’y ai mis du cœur ; et voilà, ça a pris.

Mes débuts étaient donc à la fois facile et difficile. Je n’ai pas suivi de formation en tant que tel. Je me suis formé tout seul et en ce qui concerne les premiers matériels (ordinateur, casque et micro), je les ai acquiert par mes propres efforts.

Mais, ce qui a vraiment marqué le début, c’est lorsque mon père m’a demandé ce que je voulais faire plus tard. Je lui ai tout de suite répondu que je voulais évoluer dans le monde de la musique. Ensuite, il m’a payé un piano et une guitare. Vous voyez, c’est mon propre père qui m’a encouragé, m’a soutenu. Et je lui suis très reconnaissant, car ce n’est pas facile pour un père de payer les études universitaires d’un enfant et plus tard que ce dernier dise non qu’il veut évoluer dans la musique.

Donc, vous avez eu le soutien total de vos parents ?

Ah oui. En réalité, mon père est un artiste gospel, il chante à l’église. Un jour, pendant que je faisais mon apprentissage tout seul, je lui ai demandé de chanter quelque chose. J’ai posé un beat avec mes maigres moyens et il a tellement aimé. Actuellement, je fais tous les sons de mon papa. Si vous recherchez Pasteur Gagnon le Patriarche, vous verrez mon père. Je profite de l’occasion pour le remercier pour tout son soutien.

C’est formidable une telle marque de reconnaissance publique ! Quel style de musique arrangez-vous principalement.

Déjà, je fus rappeur et notre cible en tant que producteur ce sont les jeunes. C’est à ça ils s’intéressent. Alors, je travaille beaucoup plus sur la musique urbaine. Je me sens beaucoup plus à l’aise avec.

On produit ce que les gens consomment aujourd’hui pour rester tendance. Mais, je suis aussi polyvalent, je traite les sons traditionnels et gospels.

Parfait. Alors, Layno Prod en tant qu’acteur du showbiz parakois, parlez-nous de vos difficultés.

Ah les difficultés ! Je vais parler principalement de Parakou parce que je suis à Parakou. Je souligne d’abord que la musique est une question d’investissement. Premièrement, nous avons un réel problème d’accompagnement. Faute de préjugés, on ne nous prend jamais au sérieux. Lorsqu’on dit qu’on est artiste ou arrangeur, les gens nous collent directement la délinquance au dos. Sous prétexte que cette personne n’a pas réussi sa vie ou se perd. On manque donc de soutien de la part de la population.

Le deuxième point à souligner, c’est que nous n’avons pas un lieu d’apprentissage. Pourtant la musique est un art. Dans certains pays, la musique s’apprend dans une école. Par contre, au Bénin, on n’a pas encore ça. Et nous fournissons 3 voire 4 fois plus d’efforts que les autres. Mais, j’avoue quand même qu’on avance petitement, car les gens comprennent qu’on fait vraiment ce qu’on aime et on ne s’arrêtera pas.

Sur les réseaux sociaux, nous remarquons tellement de critiques sur la musique parakoise, comme quoi elle n’évolue pas : << Les artistes parakois ne chantent pas pour la population, mais plutôt pour leur cercle d’amis. >> proclament-ils. Qu’en pensez-vous ? 

Vous savez, chaque artiste définit sa cible. Il faudra que les gens arrêtent de globaliser ce qui est personnel. Un bon chanteur ne vise pas qu’une partie de son audience, ah non. Croyez-moi !

On a juste le choix entre chanter ce qu’on a envie de faire entendre aux consommateurs et chanter ce que les consommateurs ont envie d’entendre, c’est deux choses différentes. On sait qu’il y a des artistes qui chantent et la population aime. Et on sait aussi que tout le monde ne peut pas aimer une même chose. Alors, si on n’aime pas une chanson, on ne devrait pas dire que c’est pour un cercle d’amis. On dit tout simplement qu’on aime pas cette chanson. Sinon, je ne vois pas pourquoi un artiste chanterait uniquement pour son cercle d’amis ; à moins que sa cible soit ce cercle d’amis.

On note aussi que la musique béninoise en général ne traverse pas toujours les frontières. En tant que producteur, qu’est-ce qui peut bien être est à la base de cette situation ?

Si mon avis compte vraiment, je vais plutôt souligner qu’il y a une affaire d’identité. Prenons l’exemple de la musique nigériane,  il suffit qu’on l’entende, on l’identifie. C’est pareil pour la Côte d’Ivoire et son Coupé décalé, le Cameroun et son Makossa ou encore le Congo et sa Rumba. Chacun de ces pays a réussi à se coller une identité musicale propre à lui et à l’imposer ; tout ça grâce à leur union et leur fraternité.

Ce sont ainsi les deux valeurs qui nous manquent au Bénin : la fraternité et l’union. Chacun veut faire son propre style, créer son univers, rester dans son couloir, personne ne rejoint l’autre et on n’a plus rien à vendre. Pourtant, le potentiel est là. On a des rythmes traditionnels, mais…

Aussi, il nous manque le financement. Pour faire sortir un seul son, je vous l’avoue ici, l’artiste n’est pas à moins de 300.000 FCFA : l’arrangeur, le monteur, le graphiste et les danseurs à payer, les frais de location des lieux de tournage et ainsi de suite sans oublier le marketing.

Ce sont vraiment des défis de taille à relever. Layno Prod avez-vous des projets en vue ?

Oui, bien sûr. Chaque année, il y a des événements que je promeus pour permettre aux artistes d’accroître leur visibilité.

Quand Parakou Rap Layno Prod

Si les gens se plaignent que la musique n’évolue pas, je crois que c’est parce que ces genres d’événements sont rares. J’organise l’événement Quand Parakou Rap qui est prévu cette année pour le 25 février prochain à la Place Tabéra de Parakou. Donc, voilà, la musique parakoise évolue peu-à-peu.

Oh formidable ! Comment vous contactez en cas de besoin ?

Vous pouvez me contacter sur WhatsApp Layno Prod et pour me trouver sur Facebook, recherchez le profil Layno Prod.

Un mot de la fin M. GAGNON Staline ?

Merci beaucoup à Blue-Sydney pour l’occasion offerte à la jeunesse talentueuse parce que c’est de ça que nous avons vraiment besoin. Quand on parle de showbiz de talent ou d’ambition, il faut vraiment les médias.

Ma prière pour vous, c’est que l’Éternel vous aide à continuer cette mission que vous vous êtes assignée. On en a vraiment besoin. Et surtout, on réclame beaucoup de patience à ceux qui nous écoutent. On fait des efforts et on a besoin qu’ils soient patients. Il ne faut pas qu’ils comparent par exemple un son du Nigéria comme celui de Davido à un son de Parakou. Non, on n’est pas au même niveau et on réclame en toute humilité leur encouragement. 

Encore merci à vous et bonne chance pour la suite.

Amen. Merci à vous aussi Layno Prod pour toute cette confidence et bonne chance pour la suite.  

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